Première rencontre de l'observatoire des modes de vie collectifs et durables, avec la Coopérative oasis, le campus de la transition, l'ADEME, le comité scientifique pour les oasis et habitats participatifs de l'oasis du Coq à l'Ame ce vendredi 27 septembre et samedi 28 septembre 2024 à Cellettes (16) à l'Oasis du Coq à l'Ame.
https://oasis-ducoqalame.com/activites/evenementiel/vivre-autrement-2024/
Pourquoi un observatoire ?
Les modes de vie collectifs et durables sont aujourd'hui une alternative bien identifiée au regard des enjeux de la transition. Chaque écolieu, habitat participatif est un laboratoire vivant qui peut être mise à la disposition de chercheurs dans un but d'enrichissement croisé.
Quelles actions ?
Réaliser un tour d'horizon des écolieux et récolter les thématiques de recherche pertinentes pour eux
Réaliser une cartographie des projets de recherche en cours et réalisés en France
Proposer un outil de partage de ces recherches
Communiquer les résultats des recherches
Organiser des événements de diffusion des résultats
Etant arrivé la veille de l'événement voici mes impressions.
Le soleil, timide, filtrait à travers ce lieu d?exception, illuminant chaque jour les visages émus des cohabitants qui fourmillent dans la salle et cuisine commune. Ce matin, dans cet écolieu niché au c?ur d'une ferme pédagogique où chèvres, ânes, chevaux, moutons l'air, partagent leur destin avec une vingtaine de foyers chargés de l'énergie vibrante d'une journée placée sous le signe de l'intelligence collective.
L'Oasis du Coq à l'Âme ouvre tout grand les portes du Domaine d'Echoisy (Charente) sur une expérimentation vivante de transition écologique, économique, sociale, solidaire et humaine. Installé depuis fin 2021 dans un magnifique écrin patrimonial et de biodiversité, le collectif de 20 foyers qui vit cette expérimentation est composée de citoyens animés par cette évidence : habiter, vivre et agir de façon éco-responsable sur nos territoires, sur notre planète.
Je me sens plonger au sein d'un ruche où des abeilles butinent de connexions en connexion avec le vivant, je me complais à explorer les liens entre les différents pratiques quotidiennes de ces cohabitants de cet ecolieu.
On y a parle à la fois de Philippe Descola et de son anthropologie, de Bruno Latour et de ses acteurs-réseaux, mais aussi d'écoféminisme et d'activisme, chacun se reconnaissant dans cette envie de donner du sens à leur destin et leurs actes pour améliorer leur bien être collectif tout en réduisant leur impact environnemental.
Les interactions se succédèrent tout au long de la journée, tissant une tapisserie riche et colorée dans le but de préparer le week end qui vient sous le thème "vivre autrement" : réduction des déchets, compostage, récupération d'eau de pluie,position ergonomique dans la cuisine, alimentation locale, partage de recettes d'un dessert vegan, confidences sur la manière d'éduquer son enfant, ... Chacun apportait sa pierre à l'édifice, créant un espace de partage et d'inspiration.
Ces pratiques, aussi modestes soient-elles me semblent des actes politiques. Pour certains, ces écolieux ne sont pas assez engagés collectivement, pour d'autres c'est "trop risqué". En tout cas, elles témoignent de notre volonté de co-construire un monde plus juste et plus durable.
L'après-midi fut consacré à une exploration plus théorique. Les noms de Philippe Descola et de Bruno Latour furent évoqués, leurs concepts de "nature" et de "société" débattus avec passion. "Descola nous invite à décoloniser notre regard sur le monde naturel", proposa Chloé. "Et Latour nous rappelle que les humains sont enchevêtrés dans des réseaux complexes avec les autres êtres vivants et les objets."
Ces réflexions nourrirent une discussion sur l'écoféminisme, qui met en lumière les liens entre la domination masculine et l'exploitation de la nature. "L'écoféminisme nous rappelle que la lutte pour la justice sociale et la lutte pour la justice environnementale sont indissociables. En fin de diner, on aborda le thème des "personnes-sources", la ou les personnes qui sont à l'initiative du projet d'écolieu, sur la gouvernance partagée.. Chacun de la table fut invité à identifier les personnes qui les inspirent, les guident, comment minimiser leur pouvoir informel. Car comme l'expliqua un cohabitant "Ces personnes-sources sont comme des phares qui nous guident".
A la fin de chacune de ces journées, les participants emportent avec eux une nouvelle énergie, un renforcement de leur sentiment d'appartenance à une communauté et une soif d'agir. Car au-delà des concepts et des théories, c'est l'action qui transforme le monde, et c'est leur quotidien.
Cette journée a été bien plus qu'une simple rencontre. Elle avait été un moment de connexion profonde avec soi-même, avec les autres et avec le monde vivant. Elle n'est que le début de la préparation de l'évènement à venir "
Un moment où chacun a pu puiser dans cette source d'intelligence collective pour nourrir son engagement.
Olivier LUISETTI