Acteurs Locaux en Mouvement de Vendée - La Haie, Rempart Contre le Réchauffement Climatique par Erick Marolleau Acteurs Locaux en Mouvement de Vendée -  La Haie, Rempart Contre le Réchauffement Climatique par Erick Marolleau
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Article N°28489

Acteurs Locaux en Mouvement de Vendée - La Haie, Rempart Contre le Réchauffement Climatique par Erick Marolleau

Le monde politique doit prendre conscience des enjeux, et participer à la préservation du patrimoine paysager de notre bocage !
 
Depuis plusieurs mois, je rencontre des agriculteurs qui ont choisi une autre approche de l’agriculture en préservant l’environnement dans le Maine et Loire – Les Deux Sèvres et la Vendée. J’ai choisi pour mon reportage de rencontrer un agriculteur Vendéen en reconversion en agriculture biologique –Elevage Bovin, depuis 4 ans, Monsieur Daniel PAVAGEAU de la Guyonnière.

Erick Marolleau : Daniel Pavageau, vous avez choisi l’agriculture biologique et l’élevage bovin. Pourquoi ?

Daniel Pavageau : Depuis de nombreuses années, je constatais l’appauvrissement de mes terrains agricoles, j’ai souhaité repenser ma production, rechercher le « bon sens » dans les investissements sans cesser de batailler dans le millefeuille administratif et pour moi la préservation de la biodiversité a toujours été une priorité.

Erick Marolleau : j’ai visité votre exploitation agricole, j’ai constaté un réseau de haies remarquables, pourquoi cet engagement en faveur de la biodiversité ?

Daniel Pavageau : La haie est un sujet souvent évoqué pour dénoncer le poids de la réglementation ! Personnellement j’ai fait le choix de préserver le patrimoine paysager de mon exploitation, les arbres permettent à mes animaux d’avoir de l’ombre en période de très forte chaleur et aussi pendant les intempéries, mes prairies morcelées permettent un pâturage dynamique, qui me permet de transférer les animaux d’une parcelle à l’autre, mon troupeau bénéficiant d’une qualité d’herbe plus riche. La qualité de mes haies réduit l’ensoleillement des parcelles et la production d’herbe est plus importante, les talus font office aussi de retenue d’eau.

Je constate autour de chez moi, l’agrandissement des parcelles, qui a entraîné l’effacement de l’agriculture vivrière au profit de l’agriculture industrielle, de l’autonomie des paysans et des petites fermes au nom de la productivité et de la puissance agricole française néfaste à l’environnement ! Effectivement des parcelles délimitées par des haies sont de plus en plus rares. Depuis les années 70, les haies ont été arrachées, l’élevage est en perte de vitesse suite au remembrement orchestré par de nombreux agriculteurs.

J’ai choisi ce mode de culture-élevage pour sauvegarder l’environnement, la biodiversité, et pourtant le monde politique que nous avons sollicité avec le Mouvement de la Ruralité Vendée, Pays de la Loire, ne nous a pas permis de faire comprendre aux élus l’importance des haies comme patrimoine agricole et environnemental, en péril dans de nombreux secteurs du bocage vendéen.

Nous avons essayé de proposer un redéploiement de la taxe des espaces naturel sensible aux élu(e)s en faveur de projets environnementaux agricoles. Il est triste de constater autour de chez moi, en plein bocage, de bordures routes sans aucune haie ! Résultat d’une agriculture ultra productiviste, où je constate maintenant des coulées de boue dans les champs, surtout qu’il y a beaucoup de retournement de prairies en culture.

Malheureusement notre département n’a pas fait le choix de préserver la biodiversité ordinaire en participant à la protection des haies en collaboration avec nos agriculteurs volontaires, pour une autre démarche agricole plus respectueuse de l’environnement. Mais celui de créer des réserves de biodiversité pour les promeneurs du dimanche en cachant la vérité aux Vendéens, sur la situation de la dégradation de nos paysages. Baptisé (ENS) Espace Naturel Sensible !


Erick Marolleau : Daniel vous avez été président de la Coordination Rurale de Vendée, pourquoi avoir choisi ce syndicat ?

Daniel Pavageau : J’ai d’abord été syndiqué à la Fédération Française de l’Agriculture ( FFA ) , née en 1969 d’une dissidence au sein de la FNSEA, ce syndicat s’affirmait hostile aux arrachages de haies, à la politisation des structures, et au marché commun européen qui lui paraissait des plus néfastes pour l’agriculture française, par la suite, il a été absorbé par la Coordination Rurale, qui a adopté le statut de syndicat en 1995. La Coordination Rurale défend en priorité une agriculture familiale, par rapport à l’agriculture intensive, recherche un dialogue constructif et formule des propositions concrètes et mûrement réfléchies. Elle veille également à la maîtrise des productions et des marchés pour garantir des prix rémunérateurs et un revenu équitable pour tous les agriculteurs. Voilà pourquoi je me reconnais totalement dans cette vision de l’agriculture française, et protectrice de l’environnement.


Erick Marolleau : Daniel, avec un réseau de haies remarquables sur l’ensemble de votre exploitation, vous avez fait le choix complémentaire de mettre en place de l’agroforesterie. Pourquoi ?

Daniel Pavageau : J’ai fait le choix de placer deux hectares de prairies en agroforesterie, mon but étant de lutter contre l’érosion des sols, création d’un micro climat, favorisant les rendements des cultures (brise-vent et limitation de l’évapotranspiration) développement d’insectes auxiliaires limitant l’attaque des ravageurs, de la conservation des sols, du bien-être animal, avec un rendement en foin entre mes plantations de très bonne qualité. Dans ce même élan j’ai planté aussi 2 hectares de miscanthus, graminée pérenne avec de multiples atouts : une production de biomasse importante en peu de temps, pour moi le but étant de valoriser une litière économe par rapport à la paille et locale pour moi ou mes voisins.


Erick Marolleau : Daniel, vous êtes chasseur, je constate, nous constatons la disparition de nombreuses espèces chassables ou non chassables, dans nos territoires de bocage depuis plusieurs années ? Pour vous l’agriculture intensive en est-elle la cause ?

Daniel Pavageau : OUI effectivement, l’agriculture intensive a laminé les habitats de nombreuses espèces animales, l’usage des pesticides, herbicides, fongicides, insecticides ou régulateur de croissance, les pesticides sont présents partout encore dans nos territoires, de nombreuses espèces animales, merles, alouettes, perdrix, hirondelles, chardonnerets vivant dans nos campagnes sont en chute libre ! Si aujourd’hui tout le monde s’accorde sur la nécessité de reconstituer les espèces emblématiques de nos bocages, les solutions envisagées ne sont pas à la hauteur des enjeux. Pour moi, les herbicides pour les lièvres et les lapins, ce n'est pas uniquement les produits qui les tuent, mais aussi l'absence d'une alimentation équilibrée, et on sait que ces deux espèces sont très sensibles au niveau digestif. Quant aux perdrix et faisans ils ont besoin de beaucoup d'insectes juste après l'éclosion, les insecticides sont très néfastes. Bien entendu le biotope des années 70,80 n'est plus comparable à celui d'aujourd'hui, les haies et mares ne sont plus là. Le débroussaillage auprès des arbres détruit les hérissons, on se voit contraint d'utiliser de plus en plus d'anti-limaces.

Et pourtant, je constate sur mon territoire que depuis mon passage en agriculture biologique, un bon réseau de haies, une agriculture raisonnée, j’ai de la perdrix qui revient sur mon territoire, des bécasses, une population de lièvres en augmentation, alors que les comptages lièvres, effectués sur les terrains voisins des miens en agriculture de production intensive sont pratiquement inexistants. Le nombre d'agriculteurs a tellement diminué par l'absence de revenus, que le paysages de nos campagnes en a fortement pâti, il faut aussi redonner du revenu aux agriculteurs-éleveurs. Pour qu'ils soient plus nombreux et qu'ils puissent recréer le bocage, la nourriture a un prix, il faut la payer pour aider nos agriculteurs à reconstruire l'environnement.


Erick Marolleau : Daniel, depuis de nombreuses années, votre engagement à protéger l’environnement est exemplaire, votre réseau de haie constitué pour protéger l’environnement est remarquable, mais dans quelques années vous allez être en retraite ! Comment retransmettre ce patrimoine environnemental ?

Daniel Pavageau : je vais effectivement retransmettre une partie de mon exploitation ! Mais le cahier des charges sera draconien, les haies devront être maintenues avec une emprise de « TROIS MÈTRES» de large pour protéger l’environnement, il est hors de question de détruire mon patrimoine paysager, orchestré sur ma ferme depuis plus de 30 ans ! Bref, une mosaïque de couverts végétaux propice à la biodiversité et aux espèces animales. En effet, en préservant mes haies, mes arbres, et en ayant la chance d’avoir ce patrimoine sur ma ferme, je me sens le gardien de cet environnement. Et pour moi, c’est magnifique de travailler comme ça avec le vivant.


Erick Marolleau : Faut-il être de Gauche pour défendre l’environnement de nos campagnes ?

Notre programme politique est réaliste et très proche de celui de madame Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes en 2010, qui a permis de mettre en place un programme courageux, pour enrayer des processus de banalisation de l’environnement, et mettre en place des projets de reconquête paysagère ! La politique paysagère s’est d’abord appuyée sur un socle de connaissances en écoutant les acteurs locaux, fondée sur des appels à projets en direction des territoires et de partenariat, portant par exemple, sur une aide financière à ceux qui protégeaient l’environnement depuis toujours, les agriculteurs éleveurs. Chers amis de la Ruralité, voilà sensiblement ce même projet, qui a été proposé à nos élus en Vendée ! Mais rester sans suite, peut-être par peur de déplaire à l’agriculture ultra productiviste de Vendée.


Erick Marolleau : Un constat sans équivoque, agriculture intensive, pesticides, écosystème ! La disparition de nos espèces emblématiques et la chasse des espèces de petits gibiers est en danger !

Administrateur de la Fédération des chasseurs de la Vendée depuis plus de 35 ans, je constate le déclin de nos espèces emblématiques de nos bocages depuis les années 90, perdrix, lapins de garennes, lièvres, de tous nos oiseaux communs vivant dans nos milieux ordinaires. Pour moi il ne fait aucun doute que l’agriculture intensive est à l’origine de cette catastrophe écologique. Monoculture, arrachages des haies, les oiseaux ont eu à faire aux conséquences de l’agriculture intensive et du changement de modes culturales. « L’utilisation massive des pesticides, responsables de la chute de 75% des insectes en 30ans » (Etude du CNRS) Chizé (79).

Mon enquête depuis quelques mois, dans plusieurs territoires des Deux sèvres, du Maine et Loire et de Vendée, démontre qu’il est encore possible de concilier, agriculture et faune sauvage, dans des territoires en agriculture biologique, ou raisonnée, dans une nature privilégiée et sans pesticides où les espèces animales sont en meilleure santé, il est aussi possible de bien vivre de son métier d’agriculteur en respectant l'environnement.

Le monde politique doit prendre conscience du principal coupable, 11 janvier 2025, TFI Info, publie une carte des départements les plus accrocs aux pesticides, le Royaume-Uni, observe une première résistance au glyphosate repérée sur une adventice. Pour rappel, ce pesticide est pourtant suspecté de contribuer à certains cancers. Nos élus départementaux, régionaux, ne sont pas à l’écoute de nos agriculteurs responsables de la biodiversité. Et pourtant notre patrimoine environnemental est en péril.

Le Mouvement de la Ruralité Vendée, Pays de la Loire, va proposer à différents partis politiques ses études dans la perspective des élections départementales, régionales et présidentielles.
Erick Marolleau-Président du Mouvement de la Ruralité Vendée
 

 

Erick Marolleau

Lien :https://www.acteurs-locaux.fr/d165-vendee-85/tv-tvlocale-vendee-hitsensation-podcast-exclusif-de-sandra.html

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