Le député Philippe Latombe communique -  Donald Trump déclenche un « Make Europe Great » sur le numérique Article La Tribune
Bretagne
S'identifier
Changer de territoire
 Menu
ArticlesVidéosCircuit-Court / AnnuaireAdhésion
| Philippe Latombe | Union Européenne | Souveraineté  Vu 18868 fois
Article N°28629

Le député Philippe Latombe communique - Donald Trump déclenche un « Make Europe Great » sur le numérique Article La Tribune

 
Choix de fournisseurs alternatifs, réglementations, nouvelles initiatives possibles, telles qu'un « Buy European Act », sont autant de pistes qui ont été explorées lors du Forum Tech for Future de La Tribune, ce 1er avril.

Lysiane J. Baudu  La Tribune

Publié le 02/04/25 à 17:37

 


L'élection de Donald Trump, en novembre dernier, a fait l'effet d'une bombe pour des Européens, qui lui préféraient dans leur majorité la candidate démocrate, Kamala Harris. Aujourd'hui, la sidération passée, comment réagir, notamment sur le numérique, d'autant que le deuxième mandat Trump s'annonce particulièrement agressif ? Outre la guerre commerciale et idéologique, le numérique est en effet l'un des piliers de l'offensive américaine en Europe.
L'escalade des tensions avec les Etats-Unis remet à l'agende européen la question sensible de la souveraineté numérique. André Loesekrug-Pietri, le président et directeur scientifique de la Joint European Disruptive Initiative (Jedi), déplore le fait que l'Europe se retrouve aujourd'hui au pied du mur. « Les Européens n'anticipent jamais rien. Cela a été vrai pour la pandémie Covid, pour l'invasion de l'Ukraine par la Russie, pour Open AI, pour l'élection de Trump et maintenant pour l'arrivée de la solution chinoise DeepSeek », s'est-il emporté sur scène.
 
La prise de conscience, nécessaire pour précéder l'action, est, selon Philippe Latombe, député (MoDem) de la 1ère circonscription de Vendée, encore inégale. Même si la France est plutôt en meilleure posture que d'autres, du fait, notamment, de l'autonomie stratégique cultivée en matière de défense. Mais les faits sont là : en Europe, le marché, hautement stratégique, du cloud, est à plus de 70 % aux mains des géants américains (Microsoft, Amazon, Google), lesquels enregistrent 80 % de sa croissance annuelle.
 

Diriger la commande publique
Dans ces conditions, quel pourrait être le déclic pour la souveraineté numérique européenne ? La réponse du député est claire. « D'une part, les techniciens, opérationnels, doivent être ceux qui prennent les décisions dans le cadre d'appels d'offres, car ils sont les seuls à connaître les alternatives technologiques. Et de l'autre, il faut diriger la commande publique, qui doit être de plus en plus agile, vers les entreprises européennes, comme les Etats-Unis le font pour les leurs par ailleurs », explique-t-il, en faisant notamment référence à la polémique sur de récents contrats signés entre le ministère de l'Education nationale française et l'Ecole Polytechnique avec le géant américain Microsoft.
 
Autrement dit, il s'agit de répondre aux fameux Buy American Act et Inflation Reduction Act avec un « Buy European Act », en faveur des petites entreprises, en particulier. Avec, donc, un « Small Business Act » à l'européenne également. Par ailleurs, poursuit Philippe Latombe, « les entreprises de services du numérique européennes doivent commencer à conseiller leurs clients locaux sur la 'désadhérence' aux technologies américaines, sinon, elles donnent, sous forme de contrats, la main aux Américains pour 10 à 15 ans. »
 
Autant de pistes qui impliquent avant tout un changement de philosophie, puisque « personne, en Europe, ne remettra jamais en cause une décision d'acheter du Microsoft ou de l'Amazon, renchérit André Loesekrug-Pietri. Cette frilosité face aux alternatives européennes est un vrai problème, y compris à Bruxelles », juge-t-il.
 
Enfin, autre stratégie à mettre en place, et encore plus rapidement, la réponse à la guerre commerciale lancée par Trump vis-à-vis de l'Union européenne (UE). « Attention à l'erreur qui consisterait à mettre des droits de douane à hauteur de 20 % sur les produits numériques américains, prévient le député de Vendée. Cela aurait surtout pour résultat une hausse du prix de 20 % pour les entreprises européennes et donc une baisse de leur valeur ajoutée. »

Renforcer la résilience et la sécurité
Envoyée spéciale pour le Sommet de Paris sur l'IA et présidente de l'Ecole Normale Supérieure, Anne Bouverot souscrit à l'idée de choix alternatif, pour les consommateurs européens comme pour les entreprises, dans le cadre d'un Buy European Act. « Le service de traduction automatique DeepL, d'une société allemande, est parfaitement au point et une très bonne alternative à Google Translate, fait-elle ainsi valoir. En outre, les entreprises européennes doivent non seulement travailler ensemble, mais aussi avec de plus petites structures, des start-up et des licornes, européennes. » Le tout afin de renforcer un écosystème plus large, plus profond - et plus indépendant.
 
Des alternatives européennes aux solutions des géants américains auraient en outre le mérite d'accroître la sécurité du Vieux Continent. De fait, si le rapport de force s'intensifie, au même titre qu'Elon Musk a menacé de couper l'accès au réseau Starlink à l'Ukrainerien n'empêcherait les géants américains de « débrancher le cloud » pour l'Europe, avance Philippe Latombe.
 
Sans oublier, dans ce domaine, l'arsenal réglementaire - « qui doit avant tout être au service d'une stratégie de résilience numérique et d'indépendance », souligne toutefois Anne Bouverot. Au-delà de directives européennes telles que NIS 2, sur la cybersécurité, et le règlement DORA en matière de mesures de sécurité préventives et réactives plus strictes, « nous pourrions être amenés à discuter avec Washington sur les règles extraterritoriales des Etats-Unis, qui font que l'ambassade américaine envoie des courriers aux entreprises françaises pour conditionner les contrats avec l'Etat fédéral à l'abandon de politiques inclusives, remarque Philippe Latombe. Nous pouvons dire que nous n'en voulons pas et répondre avec d'autres règles. »
 
Des pistes de réflexion à explorer au plus vite, en tout cas, afin de desserrer l'étau américain sur l'Europe, rouvrir le marché européen du numérique aux entreprises européennes et renforcer ainsi des organisations qui fonctionneraient selon un principe de multi-fournisseurs, en particulier des petits - par opposition à la domination de quelques géants technologiques qui prennent leurs ordres à la Maison Blanche.

https://www.latribune.fr/technos-medias/informatique/trump-declenche-un-make-europe-great-sur-le-numerique-1021998.html

 

 

Philippe LATOMBE

Lien :https://philippe-latombe.smartrezo.com/index.html

  • 0
    • j'aime
    • Qui aime ça ? »
  • 0
    • je n'aime pas
    • Qui n'aime pas ça ? »
  •  
 

Réagissez, commentez !

  • Aucun commentaire pour l'instant
rechercher un article, une vidéo...
Rechercher un TERRITOIRE ou un BLOG