En 2025, le marché du vélo en France et en Europe affiche une dynamique contrastée, oscillant entre innovations prometteuses et défis économiques.
C'est un constat : le marché du vélo connaît une progression ralativement forte, notamment grâce au vélo à assistance électrique (VAE), aux politiques d’incitation et à une prise de conscience écologique. C'est indéniable. Et c'est vrai que le vélo à assistance électrique continue de séduire de plus en plus le grand public. En 2025, selon les experts, il représentera plus de 50 % des ventes de vélos en Europe, grâce à des innovations telles que des batteries plus légères et une autonomie accrue.
Autre constat, les consommateurs recherchent désormais des vélos équipés de systèmes de navigation intégrés, reflétant une demande accrue pour des technologies embarquées. Sans oublier aussi que le vélo prend une place grandissante dans les villes et certaines zones rurales, mais il reste loin de supplanter la voiture en milieu périurbain. Sans investissements massifs et une transformation plus radicale des infrastructures, le vélo restera complémentaire plutôt que central.
Après une décennie de forte croissance, l’essor du vélo semble donc atteindre un palier. Les capteurs installés le long des pistes cyclables, dont les données sont analysées par le Réseau vélo et marche regroupant 450 collectivités partenaires, révèlent en 2024 une hausse modérée de 1 % en ville, mais un repli de 3 % en périphérie et en milieu rural. À titre de comparaison, 2023 affichait encore une progression de 6 % en zone urbaine et une stabilité ailleurs.
Quid des politiques publiques ?
Les politiques publiques jouent également un rôle crucial dans le développement du cyclisme toutes pratiques confondues. Le plan vélo et mobilités actives visent à former 800 000 enfants sur trois ans à travers le programme « Génération Vélo ». Cependant, des incertitudes subsistent quant aux financements futurs. Des sources indiquent une possible absence de budget dédié au vélo en 2025, suscitant des inquiétudes parmi les acteurs du secteur.
Et ce n'est pas les récentes déclarations de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, suggérant une réallocation des fonds initialement destinés au Plan vélo vers le budget de la défense, qui vont lever ces inquiétudes. Elles ont plutôt suscité des réactions contrastées.
« Mais enfin, quand on a fait un plan vélo de plusieurs milliards d’euros pour aider les collectivités locales, là, ce sont les missions des mairies que de s’occuper des pistes cyclables. On peut dire que l’Etat s’est décentré de son rôle principal. Il n’y a pas de schéma dans lequel les mairies vont acheter des missiles ou des sous-marins nucléaires ». Sébastien Lecornu, ministre des Armées
Des collectifs écologistes, tels que « Pour un réveil écologique », ont critiqué ouvertement cette orientation, estimant « qu'elle va à l'encontre des engagements environnementaux de la France ». Ils soulignent l'importance de maintenir les investissements dans les infrastructures cyclables pour encourager des modes de transport durables.Rappelons que cette proposition intervient dans un contexte où le ministre plaide pour une enveloppe annuelle de 100 milliards d'euros dédiée au réarmement de la France.
Malgré une croissance notable, le marché du vélo doit faire face à des défis. Selon une étude du cabinet Roland Berger, une reprise significative n'est pas attendue avant 2026. Nous l'avions déjà évoqué dans un précédent article. De plus, certaines aides à l'achat de vélos ont été supprimées en date du 14 février 2025, ce qui freine sensiblement l'élan du marché.Innover et s'adapter aux évolutionsFace à ces défis, les professionnels du secteur sont obligés de s'organiser. La signature par exemple d'un contrat de filière entre le gouvernement et France Vélo vise à renforcer la production nationale, avec des objectifs ambitieux tels que la fabrication de 2 millions de vélos et 300 000 cadres en France d'ici 2030.
Cette initiative souligne, si besoin été, la volonté de structurer la filière pour répondre aux attentes du marché, tant l'avenir du secteur dépendra essentiellement de la capacité des acteurs à innover et à s'adapter aux évolutions du marché. Il faut rappeler que les ventes de vélos neufs marquent sérieusement le pas, avec un recul estimé entre −10 et −15 % en 2024, selon l'Union sport et cycle qui fédère les principaux acteurs du secteur.
De son côté, Arcade Cycles, fabricant de vélos urbains basé à La Roche-sur-Yon, note une stagnation des commandes. Pour faire face à ce phénomène et surtout pour enrayer la courbe des chiffres négatifs, fabricants et revendeurs vont devoir s’adapter à cette nouvelle donne en misant sur des services comme la réparation, la location ou encore le reconditionnement et élément important, en accompagnant la transition vers le vélo à assistance électrique.
Aussi, au regard de l'évolution du monde du vélo, tourisme inclus, et de la volonté de faire perdurer la synergie de la pratique par le plus grand nombre, on peut affirmer que la dynamique n’est pas cassée, mais qu'elle marque une pause. Elle oblige les acteurs du cycle à se réinventer pour pérenniser cette transformation des mobilités. Et c'est là l'essentiel. La clé peut-être pour que le vélo trouve enfin sa légitimité dans nos modes de déplacements.
Henry Salamone / FRANCE SECRÈTE À VÉLO